- Coulibaly Sanou Khô #drpap75 at gmail dot comLaboratoire de Génétique et Biométrie, Faculté des Sciences, Université Ibn Tofail, Kénitra, Maroc ; Faculté de Médecine et d'Odontostomatologie/Faculté de Pharmacie, Université de Bamako, Mali
- H HamiLaboratoire de Génétique et Biométrie, Faculté des Sciences, Université Ibn Tofail, Kénitra, Maroc
- AI MaïgaFaculté de Pharmacie, Université de Bamako, Mali
- Soulaymani-Bencheikh RCentre Anti Poison et de Pharmacovigilance du Maroc ; Faculté de Médecine et de Pharmacie, Université Mohammed V, Rabat, Maroc
- M GoyffonUMR CNRS 7245, National Museum of Natural History, Paris, France
- A SoulaymaniLaboratoire de Génétique et Biométrie, Faculté des Sciences, Université Ibn Tofail, Kénitra, Maroc
L'objectif de notre travail était de donner une alerte par analyse et interprétation des données issues de patients piqués par les scorpions dans la commune de Gao, chef lieu de région de Gao, afin de diminuer la morbidité et la mortalité causées par les envenimations scorpioniques. Ainsi, nous avons analysé 148 cas de piqures scorpioniques enregistrés entre janvier 2002 et décembre 2009 à partir des registres et des fiches d'hospitalisation. Selon les résultats les piqûres coïncident avec la période de grande chaleur particulièrement les mois d'Avril et Juin. Toutes les tranches d'âge étaient touchées par cette affection avec une moyenne de 34 ± 12 ans. Pour le temps post piqûre, 4 % ont pu consulter en moins d'une heure. D'autre part, 88% des victimes sont passées par tradithérapie avant leur admission. Enfin, l'évolution était favorable dans la plupart des cas avec un de létalité générale à 1 %.
The objective of this study was to provide an alert analysis and interpretation data from patients bitten by scorpions in the town of Gao, capital of Gao Region, in order to reduce morbidity and mortality caused by scorpion envenomation. Thus, we analyzed 148 cases of scorpion stings recorded between January 2002 and December 2009 from records and hospital records. According to results the bites coincides with period of greatest heat in particular the months of April and June. All age groups were affected by this disease with a mean of 34 ± 12 years. Post time for bite, 4% were able to visit in less than 1 hour. On the other hand, 88% of the victims went through traditional therapy before admission. Finally, the outcome was favorable in most cases with a general 1% lethality.
L'envenimation scorpionique est un accident qui sévit à travers les cinq continents. La fréquence et la morbi-mortalité qui lui est rattachée en font un problème de santé publique dans de nombreux pays d'Afrique du nord, en Inde et au moyen orient.
Au Mali, dans les régions du nord, les piqûres et envenimations scorpioniques constituent une menace pour la santé de la population complètement démunie. Des études auraient montré qu'au Mali, il existe certaines espèces dangereuses pour l'homme, tel Leïurus quinquestriatus et Androctonus amoreuxi [1] [2] [3]. La figure suivante, montre une nouvelle découverte de scorpion jaune dangereuse, dans la commune urbaine du cercle de Gao.
Identification : Max Goyffon : Androctonus australis
La présente étude vise à donner une alerte, en déterminant les caractéristiques épidémiologiques des victimes de piqûres scorpioniques dans le cercle de Gao (7ème région administrative du Mali) qui compte 239 853 habitants en 2009. Cette région est limitée au sud et à l'est par la republique du Niger, au nord par la région de Kidal, à l'ouest par la région de Tombouctou. Elle compte 4 forêts classées couvrant une superficie de 4 020 ha; une réserve partielle de faune d'Ansongo Ménaka et deux zones d'intérêt cynégétique (Tidermène-Alata et Inékar) [4] [5]. La figure suivante montre la région de Gao.
Une étude rétrospective descriptive a été réalisée dans trois structures sanitaires de la commune de Gao par dépouillement des dossiers d'hospitalisation et des registres de consultation de tous les patients ayant été admis pour piqûres de scorpions durant la période allant de Janvier 2002 à Décembre 2009. Les données ont été saisies sur le logiciel Excel et analysées sur SPSS 10.
Durant la période d'étude, cent quarante huit (148) patients admis pour piqûres des scorpions ont été inclus. Le tableau suivant montre les caractéristiques de la population piquée au niveau des zones sanitaires de la commune de Gao.
Caractéristiques | Effectifs | Pourcentages (%) | |
---|---|---|---|
Structure sanitaire (n = 148) | Hôpital régional | 28 | 19 |
C.S.Réf* | 68 | 46 | |
Inf. mil* | 52 | 35 | |
Pic par mois (n = 148) | Avril | 27 | 18 |
Juin | 19 | 13 | |
TPP (n = 129) | < 1h | 5 | 4 |
1 - 2h | 73 | 56 | |
2 - 4h | 40 | 31 | |
> 4h | 11 | 9 | |
Période de piqûre (n = 140) | 6 - 12h | 39 | 28 |
12 - 18h | 59 | 42 | |
18 - 00h | 36 | 26 | |
00 – 6h | 6 | 4 | |
Age (n = 148) | < 15 ans | 7 | 5 |
≥ 15 ans | 141 | 95 | |
Sexe (n = 148) | Masculin | 132 | 89 |
Féminin | 16 | 11 | |
Evolution (n = 11) | Favorable | 10 | 91 |
Décès | 1 | 9 |
C.S.Réf*: Centre de Santé de Référence. Inf. mil*: Infirmerie militaire.
Les patients suivis ont été recrutés principalement au niveau de l'hôpital régional (19%), Centre de Santé de Référence (46%) et de l'infirmerie militaire de Gao (35%).
Les piqûres étaient survenues durant les mois d'Avril et Juin (respectivement : 18% et 13%) et entre 12h et 18h dans 42% aves un TPP (Temps Post-Piqûre) < 1h dans 4%, entre 1h et 2h dans 56%, entre 2h et 4h dans 31% et > 4h dans 9%.
Selon les résultats obtenus, l'âge moyen des victimes était de 34±12 ans dont 5% avaient moins de 15ans et le sex-ratio (H/F) est de 8.
L'évolution était favorable dans la plupart des cas 91%.
Selon le résultat de l'analyse, plus le délai d'admission était long (plus de 4h), plus l'évolution était défavorable (un cas de décès au delà de 4h).
Les données des piqûres scorpioniques en fonction des années sont mentionnées dans la figure suivante.
En comparant les données des Années 2008 - 2009 et grâce à la disponibilité des kits de 1ér secours (Bétadine, Paracétamol, Lidocaïne, Métoclopramide, compresse, Cathéter, Seringue) les structures de santé ont été plus fréquentées (respectivement 24% et 35%) dues à la prise de conscience de la population. La figure suivante montre la répartition de la population piquée en fonction du siège.
Selon notre analyse, 66% des cas de piqûre siégeaient au niveau du membre supérieur (particulièrement les mains), 33% au Membre inférieur et 1% au niveau du tronc.
Discussion
Cette étude nous a permis d'avoir des informations sur le scorpionisme au niveau de la région de Gao.
Dans notre série toutes les tranches d'âge étaient concernées par cette affection dont les plus touchées étaient entre 14 et 44 ans avec une prédominance chez les adultes jeunes. Ceci pouvait s'expliquer par le fait que la population du nord était généralement constituée de nomade et que les piqûres de scorpion survenaient de façon accidentelle (en soulevant une pierre, marches à pieds nus, scorpion caché dans les chaussures ou sacs). Nous rejoignons ainsi les données de la littérature [2] [3] [6] [7] [8].
Selon nos analyses, les adultes ont été les plus touchés (95% des cas) et surtout les hommes (89% des cas) en rapport avec les activités pédestres (en suivant les troupeaux, le colportage,…). Nous rejoignons ainsi les données d'autres études qui montrent que les adultes sont les plus touchés et surtout en rapport avec les promenades [2] [3] [7] [8] [9] [10] [11].
Dans notre étude, la majorité des piqûres ont été enregistrées pendant les mois d'Avril et Juin où la température pouvait atteindre un peu plus de 42°C au niveau de cette région aride.
D'autres études confirment que la plus part des piqûres ont lieu pendants les mois chaudes de l'année et que ces bestioles (thermophiles) sont capables de survivre dans des conditions climatiques très précaires [3] [7] [8] [11] [12] [13] [14].
Contrairement aux données ontologiques qui montrent que le scorpion est un animal d'activité nocturne [3] [7] [8] [11] [12] [13] [14] [15] [16] [17], nos résultats montrent que, la plus part des piqûres ont lieu au milieu de la journée et en début de soirée (42% des cas). Cela s'explique par le fait que la plus part des victimes (bergers 35% des cas et ouvriers nomades 22% des cas) ont été piqués au cours de leur activité journalières.
Dans cette étude, comme la plus part des publications, les piqûres siégeaient aux membres supérieurs, prédominant au niveau des mains dans 66% des cas [2] [3] [6] [7] [8] [9] [11] [13] [18].
Les symptômes les plus marquants dans notre étude ont été les signes locaux dans tout les cas (douleur, rougeur, œdème, fourmillement...) et les signes généraux dans 2 cas (Fièvre, nausée et vomissement, hypertension, priapisme, convulsion).
Selon nos analyses et dans plusieurs autres études, les auteurs sont d'accord sur la symptomatologie scorpionique [7] [8] [10] [11] [19] [20] [21].
Tous les auteurs s'accordent sur le fait que le retard de prise en charge constitue un élément de mauvais pronostic, ainsi, dans notre étude, toutes les victimes ont bénéficié d'un traitement à l'admission parmi lesquelles, 88% (soit 130 cas) ont suivi une tradithérapie avant leur admission. Les patients qui ont consulté en moins de 2h (60% des cas) ont bien évolué alors qu'on observe un cas décès après un TPP de plus de 4h. L'incidence annuelle était de 9,4 pour cent mille habitant, tant disque le taux de létalité générale était de 1%. Le suivi post hospitalier a pu être fait dans 10% des cas. Ce problème est confirmé par d'autres auteurs pour divers raisons (Coût de déplacement, infrastructures sanitaires loin de la population) [3] [7] [9] [10] [22] [23].
Selon nos analyses, le nombre de cas élevé de consultation (24% et 35% des cas) des deux dernières Années (2008-2009) s'explique par le réveil de conscience de la population et la mise à disposition du Kit de premier secours dans les structures de santé.
D'autre étude ont montré que la sensibilisation de la population et du personnel soignant de même que la disponibilité du traitement diminuent fortement la morbi-mortalité des piqûres de scorpion [16] [21] [22] [23].
Les piqûres et envenimations scorpioniques sont une réalité au niveau de la commune de Gao dû à la présence de certaines espèces probablement dangereuses. Le décès engendré est vraisemblablement dû à l'une des espèces dangereuse qu'il convient de les déterminer. La formation du personnel de santé sur la prise en charge, la détermination des stades de gravité, des espèces (couleur, genre…) voire une large sensibilisation de la population sur des gestes préventifs pourraient significativement diminuer la morbi-mortalité de ce problème.
Conflit d'intérêt : Aucun
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